Découvrez nos questions à Ray Norman, Responsable des programmes WASH (eau, hygiène, assainissement) pour World Vision International.
Après avoir travaillé pendant plus de 15 ans au sein de nombreux bureaux de recherche en Afrique et au Moyen-Orient et notamment au sein de la Banque africaine de développement sur les thématiques d’accès à l’eau et aux installations sanitaires, Ray Norman a rejoint World Vision en 1999 pour mettre son expertise au service des plus vulnérables. D’abord Directeur National du bureau World Vision en République Islamique de Mauritanie, il est aujourd’hui Responsable des Programmes WASH (eau, hygiène et assainissement) au sein du Partenariat World Vision. Il nous explique le r?le crucial des programmes WASH dans l’aide au développement.
Pourquoi selon vous l’accès à l’eau potable est un enjeu crucial en matière de développement ?
Tout d’abord, je tiens à préciser que nous ne pouvons pas séparer l’eau de l’hygiène et de l’assainissement. La fa?on la plus simple d’expliquer cela est de vous inviter à fermer votre robinet pendant quelques heures dans votre maison. Vous n’aurez pas seulement soif, mais vous verrez qu’il y a des problématiques de santé et d’hygiène.
L’eau, l’hygiène et l’assainissement sont à la base des besoins des communautés. Lorsque nous ouvrons un programme de développement nous demandons à la communauté d’exprimer ses besoins. Dans 95% du temps elles nous disent avoir besoin d’eau, et ensuite viennent l’école pour les enfants et l’accès à un centre de santé. Ce n’est pas possible de favoriser la santé des communautés sans eau. Un grand pourcentage des centres de santé dans les pays dans lesquels nous travaillons n’ont pas de points d’eau. Par exemple, lorsqu’une femme vient accoucher elle est obligée d’apporter avec elle des seaux d’eau.
Nous remarquons également au sein de World Vision que bien souvent les communautés les plus vulnérables sont celles qui n’ont pas d’accès à l’eau potable. Ainsi en tant que responsables des programmes WASH nous sommes là pour soutenir les autres secteurs de développement.
Quels impacts directs ces programmes WASH peuvent avoir sur toute une génération ?
L’impact est multidimensionnel. On peut tout d’abord mentionner bien s?r la santé pour les jeunes enfants de 0 à 2 ans. C’est l’impact le plus remarquable. Et nous mettons également en place des points d’eau dans des écoles ainsi que des toilettes. Cela favorise l’accès à l’éducation. Dans les pays dans lesquels nous intervenons l’accès à l’eau potable est une affaire des femmes. Elles s’absentent en moyenne 4h par jour pour aller chercher de l’eau et parcourent des kilomètres ; on comprend bien qu’elles n’ont pas le temps de s’occuper de leurs enfants.
Mais il n’y a pas que les femmes qui sont mobilisées par ces taches : les enfants aussi, et notamment les filles, qui chaque jour doivent aider à la corvée d’eau. Les petites filles ne peuvent donc pas aller à l’école et sont parfois victimes de violences lorsqu’elles s’éloignent pour aller chercher de l’eau. C’est une problématique qu’on retrouve avec le manque de toilettes. L’accès à l’eau se traduit également par l’installation de toilettes mixtes dans les écoles qui permet de favoriser l’éducation des filles et de lutter contre le décrochage scolaire.
L’impact des programmes WASH sur les enfants vulnérables est très important.