L’accès aux installations sanitaires para?t être un service de base acquis par tous. Pourtant, pour des milliards de personnes, il s’agit encore d’une problématique cruciale. Aujourd’hui, plus de 673 millions de personnes pratiquent la défécation à l’air libre selon l’ONU.
Le manque de système d’assainissement a de réelles conséquences sur la santé des populations les plus vulnérables, notamment dans les zones rurales, les bidonvilles et les camps de réfugiés. La journée mondiale des toilettes du 19 novembre est l’occasion d’alerter sur cette situation préoccupante et d’exposer les enjeux de développement qui y sont liés.
à quoi servent les systèmes d’assainissement ?
On entend par assainissement, l’ensemble du système mis en place pour gérer le réseau des eaux usées de la vie quotidienne. Cela implique notamment la collecte, le traitement et l’évacuation des déjections, ainsi que le traitement de l’eau pour éviter le développement de bactéries dangereuses pour la santé des populations.
L’assainissement est essentiel pour éviter la pollution des sols, particulièrement des nappes phréatiques, et permet de rejeter une eau propre dans le milieu naturel. En l’absence de systèmes d'assainissement, et de toilettes, les populations sont contraintes de faire leurs besoins dans la nature (dans les buissons, les rivières, les forêts, etc). Une habitude particulièrement ancrée chez les habitants des zones rurales qui représentent 91 % des personnes ayant recours à la défécation à l’air libre.
Toilettes, quel état des lieux ?
De nos jours, 2 milliards de personnes ne disposent toujours pas de toilettes ou de latrines et 80 % des eaux usées dues aux activités humaines retournent dans le milieu naturel sans avoir été traitées.
En effet, accéder à ces systèmes d’assainissement et à la mise en place de toilettes co?te cher, d’autant plus lorsqu’il s’agit de raccorder des habitations éloignées des zones urbaines au système collectif.
Les systèmes d’assainissement autonomes ne sont pas plus abordables pour des familles rurales souvent précaires et habituées à suivre les normes culturelles de la défécation à l’air libre. Même une fois les toilettes construites, le changement de comportement des communautés demande du temps et un accompagnement sur le long terme pour assurer la bonne utilisation des sanitaires et la compréhension de l’impact direct sur la santé.
Les bidonvilles et les camps de réfugiés sont les premiers lieux privés de toilettes où la densité de population en fait une priorité absolue pour éviter la propagation des maladies. Le caractère illégal ou temporaire des installations de fortune ne permet pas de mettre en place un système d’assainissement adéquat.
Bien que les camps de réfugiés bénéficient parfois d’installations sanitaires, elles demeurent en nombre insuffisant et ne permettent pas d’éradiquer la défécation à l’air libre et de lutter contre la contamination des cours d’eau. De plus, lorsque les femmes et les jeunes filles sont contraintes de s’éloigner pour faire leurs besoins, elles s’exposent davantage aux violences basées sur le genre et se retrouvent en danger.
Les conséquences de l’absence de toilettes
Un tiers de la population mondiale n’a pas accès à des systèmes d’assainissement améliorés. Sans système d’assainissement, le risque de maladies est particulièrement élevé. Une fois les eaux contaminées, si celles-ci ne sont pas traitées correctement, les populations peuvent souffrir de nombreuses maladies hydriques comme le choléra, le paludisme, le saturnisme, ou bien les diarrhées qui tuent encore chaque jour 1 000 enfants de moins de 5 ans.
La récente crise du coronavirus démontre une nouvelle fois l’importance de l’assainissement pour lutter contre la propagation des maladies. Bénéficier d’un système d’assainissement complet, de points d’eau pour l’hygiène et de toilettes est l’une des meilleures fa?ons de prévenir les contaminations. D’après l’Organisation mondiale de la Santé, il est essentiel de pouvoir se laver régulièrement les mains pour lutter contre les infections, notamment contre la COVID-19.
L’absence de toilettes impacte directement la scolarisation des filles. Une école sur cinq ne possède pas d’installations sanitaires. Pourtant, arrivées à l’adolescence, les jeunes filles ont besoin de toilettes pour se changer et continuer à fréquenter l’école durant leurs règles.
L’accès aux toilettes n’est donc pas uniquement une question de santé et d’environnement, mais aussi d’éducation et de développement. En allant à l’école, les filles peuvent s’émanciper et ainsi éviter des mariages ou grossesses précoces.